3ème Conférence de Paris | 28-29 mai 2024
Institut du Monde Arabe – salle du Haut Conseil
Pour sa troisième conférence internationale, l’association « L’Islam au XXIème siècle » affirme sa volonté de contribuer à une meilleure compréhension d’un monde islamique extraordinairement divers et non centralisé – en réunissant musulmans et non-musulmans, Français et internationaux, les 28 et 29 mai, à l’Institut du Monde Arabe (Paris 5ème).
Au sein des multiples tensions qui traversent nos sociétés, l’ignorance religieuse se dresse parfois comme un vecteur sous-estimé, alors même que la violence contemporaine transcende les barrières religieuses et culturelles, imprégnant tous les aspects de la vie sociale. L’islam, parmi d’autres systèmes de croyances et institutions, n’est pas immunisé contre cette réalité. La brutalité dans les interactions humaines s’enracine profondément dans la civilisation moderne, ses origines se perdant dans les ravages des conflits mondiaux du XXe siècle. Pour ce qui est de l’islam, il devient crucial de promouvoir une éducation et une transmission empreintes de sérénité et de clairvoyance, afin de contrer les intolérances qui naissent du « choc des ignorances ». Les extrêmes, telles deux facettes d’une même pièce, se rencontrent et alimentent un cycle de préjugés, contribuant à une méfiance systématique envers les musulmans et à un scepticisme envers l’Occident.
L’enseignement de l’islam et la transmission de cette culture restent encore trop souvent liés à une approche normative ou moralisatrice cherchant à retrouver le « vrai islam », oubliant des figures classiques de la philosophie religieuse musulmane, le soufisme ou la partie mystique de cette religion. Trop souvent, la transmission du patrimoine religieux se limite à l’enseignement du fiqh (ensemble des normes juridiques), à l’apprentissage du Coran et à l’enseignement d’une forme simplifiée de hadiths (propos, gestes et faits attribués au Prophète), laissant trop peu de place à l’herméneutique ou le questionnement et renforçant de fait la dichotomie sacralisée entre le licite (halal) et l’illicite (haram). Il existe pourtant d’autres voies, comme en particulier au Royaume-Uni, en Hollande et en Allemagne qui intègrent un enseignement plus approfondi en arabe et en sciences sociales, prenant en compte une approche historico-critique des textes de l’islam pour relativiser certaines prescriptions religieuses devenues caduques en raison d’un changement radical de contexte. Ainsi, faire place au doute et à l’esprit critique devient une partie intégrante de la foi et permettra de lutter contre une vision étriquée faisant le lit des extrémismes. D’un autre côté, le monde moderne semble avoir relégué au second plan cette notion fondamentale qu’est le doute, pourtant à l’origine de l’avancement de la réflexion. C’est toute une frange de la sphère intellectuelle contemporaine qui se voit confrontée à la nécessité de réexaminer ses propres lacunes et de s’affranchir de ses certitudes notamment vis-à-vis de l’Islam.
L’enseignement laïque du fait religieux peut lui aussi rendre possible l’apprentissage de la tolérance. Néanmoins, le traitement médiatique et politique de l’islam fait que beaucoup d’enseignants se sentent en porte à faux vis-à-vis des élèves, eux-mêmes coincés dans un supposé conflit de loyauté et subissant la stigmatisation et la suspicion en raison de leur confession. Difficile dans ce cadre d’aborder de manière sereine le fait religieux islamique. Le rôle joué par les enseignants dans les problématiques scolaires de l’enseignement religieux est fondamental, mais beaucoup manquent de formation pour aborder la question, sans compter les peurs qui subsistent depuis les deux attentats contre les enseignants, d’abord, bien sûr celui contre Samuel Paty et ensuite celui contre Dominique Bernard, qui réalise de facto le franchissement d’un cap supplémentaire…
Pourtant, c’est bien la « déculturation religieuse » (processus de perdition de la connaissance et compréhension des valeurs et des enseignements religieux traditionnels) qui produit un vide susceptible de rendre les jeunes vulnérables au processus de radicalisation. Et l’on sait aujourd’hui que c’est bien souvent plus sur internet et les réseaux sociaux que les jeunes se renseignent sur l’islam, dominés par des influenceurs radicaux et des sites salafistes ne permettant pas de transmettre des valeurs islamiques invitant à la réconciliation et à la raison. Plus spécifiquement, et pour répondre à cet objet, le thème choisi pour cette troisième conférence est celui de l’intolérance liée à des ignorances réciproques.
Ainsi, cette troisième Conférence internationale de l’association « L’Islam au XXIe siècle » veut poursuivre sa contribution à ce débat de société, en réunissant les citoyens de différentes confessions ou sans confession, croyants et non-croyants, Français et internationaux. L’objectif ultime est de rendre le savoir accessible et nourrir un dialogue fécond entre ceux qui ne pensent pas toujours de la même manière sur ce thème si délicat pour notre société et pour notre monde.
Une vingtaine d’intervenants, chercheurs, universitaires, militants des droits de l’homme et de la femme, échangeront autour de quatre tables rondes :