« Islam, éducation et acculturation »
Table ronde 2 – Les musulmans entre foi, culture d’origine et acculturation
Mercredi 16 février 2022, 17h30
La communication proposée repose sur une enquête qualitative menée dans le cadre d’une recherche doctorale – consacrée aux relations entre l’islam et l’école, comme l’indique l’ouvrage qui en est issu, Islam et école en France. Une enquête de terrain. Cette enquête donnait tout particulièrement la parole à des familles françaises musulmanes installées sur le territoire de Vénissieux.
La contribution de cette communication à la conférence « Islam et identités : entre culte et cultures » porte sur les manières dont ces familles vivent et « accommodent » leur islam, en les abordant et les analysant sous l’angle de l’éducation et de la scolarité.
L’analyse doit commencer par prendre en compte les particularités historiques et sociologiques de ce territoire et des familles françaises musulmanes qui l’habitent depuis plusieurs générations. Ce sont des familles en très grande majorité d’origine algérienne, dont les enfants appartiennent à la troisième voire à la quatrième génération, que l’on continue à étiqueter « issues de l’immigration ». D’autre part la ville de Vénissieux a été le berceau de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, et sa mémoire y est encore vive
L’enquête confirme l’existence d’un « retour à l’islam », ou plutôt d’un « recours à l’islam ». Ce recours peut être analysé comme une forme d’accommodation. S’y révèlent une pratique et une conception de l’islam que l’on pourrait qualifier de « modernes », en ce sens qu’elles relèvent bien plus des valeurs de l’individualisme moderne que des valeurs communautaires. Ainsi, l’islam se vit en couple. Même si le sentiment de ne pas être reconnu comme des français à part entière est vif, il ne conduit pas à un islam de rupture. Mais l’accommodation ou l’acculturation ici ne procèdent pas d’une remise en cause des pressions venues de la famille, comme ce peut être le cas dans d’autres groupes. À l’inverse, ces couples ne se contentent plus de l’islam traditionnel des parents. En quête d’un cadre moral qu’il trouve dans un islam plus « savant », l’accommodation passe pour eux par une revalorisation, une requalification de l’islam lui-même. Toutefois, ce mouvement tendanciel n’est nullement monolithique, il est tributaire des histoires personnelles.
La communication s’efforcera d’en montrer concrètement les diverses nuances.
Samia Langar est docteure en sciences de l’éducation
et chargée de cours à l’université Lumière – Lyon 2.
Membre du laboratoire Éducation Cultures Politique (Lyon 2).
Auteure de plusieurs publications dont l’ouvrage tiré de sa thèse : Islam et école en France : une enquête de terrain.
Publications
« Islam et école en France : une enquête de terrain »
Presses Universitaires de Lyon – 2021
Nouvelles perspectives pour la reconnaissance :
Lectures et enquêtes à partir d’Axel Honneth
« L’islam en France : une problématique de la reconnaissance »
Lyon, ENS Éditions – 2019
Penser l’éducation
« L’islam dans l’école de la République : la laïcité à l’épreuve de la reconnaissance »
Numéro 41 – 2017