« L’Islam, l’Homo Moralis, et le défi de la perte de contact avec le divin »
Table ronde 4 – l’Islam au XXIème siècle, une spiritualité renouvelée
Jeudi 17 février 2022, 14h
Réfléchir sur l’islam au XXIe siècle nécessite d’abord de faire une distinction simple mais fondamentale entre un islam vécu dans des contextes majoritaires musulmans, où cette religion bénéficie d’une légitimité par sa présence historique ; et l’islam vécu dans des contextes minoritaires, qui peuvent à leur tour être divisés en contextes minoritaires classiques et modernes. L’islam en Europe occidentale moderne et en Amérique du Nord – connu sous le nom de « contextes laïcs et libéraux » – fait partie de l’islam dans les contextes minoritaires modernes, tandis que l’islam en Inde et dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne est classique et jouit également d’une légitimité historique. Ces espaces sont divisés en fonction du temps : les temps prémodernes, largement favorables à la religion, et les temps modernes, qui sont souvent, mais pas toujours, moins favorables à la religion et moins favorables à l’islam.
Cette considération spatio-temporelle aide à clarifier les changements et les défis auxquels est confrontée la religiosité moderne. De plus, les amalgames entre civilisation, culture, politique, mouvements religieux et aspirations morales individuelles ont causé une confusion majeure sur ce qu’est l’islam, ce qui est islamique et ce qui est islamiste. L’islam salafiste (ultra-orthodoxe), l’islam conservateur (orthodoxe) et l’islam progressiste (critique) sont trois grandes descriptions générales dans lesquelles se trouvent diverses sous-catégories, et elles abordent toutes différemment la notion de modernité. Cette communication se concentrera sur l’islam libéral comme l’un des aspects les plus importants de l’islam progressiste. Il décrit certaines de ses caractéristiques universelles et les défis auxquels il est confronté. Son interprétation de la spiritualité, sous la forme d’un self islam ou d’un personnalisme musulman, et le rôle de l’individu dans la préservation, le relâchement ou la perte de contact avec le Divin dans ce processus de (ré-)universalisation seront abordés.
Chercheur affilié au Leibniz-Zentrum Moderner Orient (ZMO) à Berlin, Mohamed Hashas est membre adjoint du corps professoral au département de sciences politiques de l’Université Luiss de Rome, où il enseigne l’islam en Europe et les études méditerranéennes.
Il est titulaire d’un doctorat en théorie politique.
Ses domaines de recherche sont : la pensée arabo-islamique moderne et contemporaine (philosophie et théologie), l’islam en Europe, l’islam européen, la pensée marocaine moderne et contemporaine.
Mohamed Hashas a également été chercheur à Oxford, Berlin, Copenhague et Tilburg.
Publications
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages :
« The Idea of European Islam » – 2019, 2020
et « Intercultural Geopoetics » – 2017
Il a dirigé l’édition de « Islam, État et modernité » (2018), « Imams in Western Europe » (2018), « Islamic Ethics and the Trusteeship Paradigm » (2020) et « Pluralism in Islamic Contexts » (2021).
Ses essais en anglais et en arabe, publiés sur diverses plateformes, sont collectés sur son site personnel : www.mohammedhashas.com.