Karima Berger

« Le jeûne n’est pas un acte, il est l’abandon d’un acte »

Séance de clôture – Visions de grands témoins
Jeudi 17 février 2022, 16h30

« Le jeûne n’est pas un acte, il est l’abandon d’un acte » écrit Ibn Arabi. Mais la tâche est rude de s’affranchir de l’entrave de l’acte et du visible, de la « pratique » qui se montre, ostentatoire parfois. Comme sauver mon Dieu de la pulsion idolâtre et de l’association au père sévère de l’enfance ?

La « dette » avec Lui contractée, nous la connaissons à peine, sur un tel sujet dirait l’Emir Abdelkader : « les calames sont secs ». Cette dette (le dîn) n’est pas de nature comptable, mais nos corps sensibles se souviennent, alors nos langues remuent pour dire son Nom, nos oreilles, nos yeux, nos membres se prosternent, jeûnent et dansent, ils veulent connaitre/goûter (dhâwq) l’ignorance que nous avons de Lui, puisqu’Il « n’a donné à ses serviteurs pour Le connaître que leur ignorance de Lui » dit le hadith. « Légèreté du corps. L’énergie est intouchée. Sur les chemins que j’arpente en attendant le ftour, je danse presque, éblouie par la création puis je m’effondre entre deux buissons de giroflées, une datte dans la poche pour rompre le jeûne et je guette à l’horizon, le moment où le soleil va rentrer dans la nuit.